L’homme qui ne valait pas dix centimes

Doc Gynéco. Le gainsbourg du rap français.

Un des premiers rappeurs populaires. Comme beaucoup de personnes spéciales, il s’est retrouvé à faire quelque chose par hasard -lui, du rap, par hasard. Car même à ses débuts, il n’a jamais rapé comme les autres. Phrases impécables, aucune vulgarité – il est vrai que la old school des années 90’s n’était pas aussi vulgaire que ce qui s’est fait à partir de 2005, une excellente élocution. Pour répondre à une question il dit toujours “eh bien..” et non “baahh…”, il utilise la forme négative et son fameux “ne”. Il est certainement d’un autre niveau.
D’ailleurs son “rap” d’alors n’en était pas. Il chantait assez habilement tout en rimant là où il voulait. Le vrai freestyle. De la vraie création. Il a refusé qu’on le classe dans le rap mais dès son premier album se vantait de faire de la variété. Doc Gynéco est directement passé au rap chanté des années post 2010. Il avait bien compris avant tout le monde que le RNB qu’on nous vendait à l’époque était simplement de la variet’ chantée par des noirs.

Le rap business c’est pas une idee intelligente. La tirelire des enfants on en a pas besoin. Bruno Beausire

Doc Gynéco. Le Vandamme du rap français.

Son talent à la plume et au micro est sans équivoque. Première consultation est le classique des classiques, à la fois pour le rap mais pour la variété ainsi que le témoignage poétique du mec de quartier de ces années-là. Il a sû imposer son image de fumeur, parlant lentement, très lentement. Je suis convaincu que ce mec est un terrien en détresse car il capte des ondes venues d’un autre monde. En répondant à la question “pourquoi vous parlez si lentement”, il répond qu’il attend d’entendre la réponse. Il est hors norme, surement télépathe.

Comme Vandamme. Il est lui même à l’émission TPMP et sa présence seule fait péter l’audimat. Ce n’est pas tant ce qu’il fait qui intéresse les gens, mais ce qu’il est. Nous avons tous de l’amour et de la peur en nous. Chacun a son équilibre, ses dosages. Mais Doc Gynéco a énormément d’amour et même l’expression “ne pas faire de mal à une mouche” n’arrive pas à le définir. C’est au-delà. Ca se sent, il ne jauge pas et ne calcule pas comme la plupart d’entre nous. Et c’est de là que viennent ses soi-disant dérapages et bourdes. Il est l’égal de Vandamme, a été maltraité par les médias mais récupéré par la suite car ceux-ci devenant de plus en plus déconnectés de la réalité, ils ont besoin d’un faire valoir, d’une valeur sûre dans laquelle le peuple se reconnait.

Après sa fameuse traversée du désert, il est de retour sans aucune raison que celle d’être lui-même. Nous sommes bien conscients que la télé l’a embauché pour le frivole, pour faire rire les téléspectateurs. Mais il donne plus que n’importe qui en faisant beaucoup moins et en restant lui-même. Les autres n’ont qu’à faire face à leurs démons. C’est un gars précieux qui nous revient et il me semble que les français sont contents de recevoir un peu de vrai, un peu d’amour dans un monde de plus en plus faux.

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