Il y a toujours 2 faces dans chaque chose. L’humain peut utiliser son coeur et son expérience pour juger des choses. En fonction de son intuition, de son passé, et s’il prend en compte l’avis des autres, il sera capable de juger avec discernement des choses autour de lui.

Mais comment savoir si l’on doit accorder sa confiance à une personne? Dans le monde actuel découpé mathématiquement, ou chaque chose a un prix et peut être chiffré, évalué et noté, il devient en fait de plus en plus difficile de faire des choix utiles. La quantité de chiffres nous influence. Aujourd’hui, il faut avancer des chiffres, des arguments statistiques pour être cru. Il faut montrer un document signé avec sa photo dessus pour qu’un homme accepte de nous regarder dans les yeux avec confiance. Il faut montrer des papiers d’identités, des justificatifs, des certificats. Ainsi, en montrant ce que l’on n’est pas, on pourra louer un appartement, trouver un travail ou retirer de l’argent à la banque. Montrer ce que l’on n’est pas est une preuve, une garantie pour l’autre qu’il a bien à faire à nous.
Malheureusement, la garantie n’est pas nous. La garantie peut être un document, un objet, un bien tangible, une promesse, un engagement sous forme de contrat. Elle représente ce qu’on pense être l’identité d’une personne à un instant T. C’est une image figée. Cette preuve, contrairement à l’humain, est immuable. Elle reste dans le passé aussitôt émise. Alors que l’humain, soumis à son repas de midi un peu épicé change et rechange même après avoir vidé le contenu de son intestin grêle dans les toilettes.
Grâce à la technologie, aujourd’hui, nous pouvons avoir des preuves immédiates, perpétuellement renouvelées et se connecter sur Amazon à l’aide d’une authentification double facteur. Mots de passe, codes secrets, numéros de carte bancaire, la technologie nous aide à gérer la confiance que les autres doivent nous accorder. La certification de notre individualité est de plus en plus complexe et de plus en plus complète. Le progrès technologique l’amènera jusqu’à une illusion parfaite d’une confiance. Aussitôt qu’on passera à côté d’un individu étranger, ou qu’on serrera la main à un client, nous pourrons voir son ADN, son karma administratif ou ce qu’il a mangé à midi. La technologie doit arriver à simuler ce qu’elle enlève à l’humain.
Ce que l’homme a perdu c’est le contact avec son cœur. Son ressenti intérieur lui permettant de juger de manière globale mais non finie d’un objet ou d’une personne. Le contact perdu, la technologie et les preuves-contrats deviennent des béquilles dont on ne peut plus se passer.
La confiance perdue retrouve une réalité à travers cette illusion que nous offre la technologie. Cette illusion est un monde tourné vers une confiance de façade limitée à un emploi extérieur.