Je réalise à quel point les peuples sont différents. C’est fascinant de voir comment, en tant que Français et Européen, je suis toujours dans l’analyse. On observe, on compare, on essaie de comprendre et de classer les choses. En France, j’ai l’impression qu’on est un peuple de penseurs, on accorde une immense importance aux idées. Paradoxalement, on critique les Chinois pour leur tendance à copier, sans se mettre à leur place.
Peuples adultes, peuples enfants
Ce que j’ai remarqué chez les Asiatiques, c’est que leur émotivité est très développée. Ils s’expriment de manière enfantine, que ce soit au travail ou en dehors. On dirait qu’ils ont besoin d’être guidés, de prendre par la main. Ils semblent très soumis à l’autorité et leur façon de jouer est souvent simple et enfantine. Même des adultes, à plus de 30 ans, se retrouvent à jouer à des jeux très basiques. Ce n’est pas un événement ponctuel comme chez nous, où l’on va à la fête foraine deux fois par an. Pour eux, “jouer” fait partie de la vie quotidienne.
Quand ils parlent de sortir avec des amis, ils utilisent le mot “jouer”. C’est pareil en coréen et en mandarin. Alors que chez nous, surtout en France, on finit par laisser de côté ces jeux enfantins en grandissant. Notre mentalité se concentre sur la réflexion, sur le sérieux. Il y a une vraie différence entre des peuples adultes et des peuples plus enfants.
En observant les autres, on peut aussi apprendre beaucoup sur soi-même. Le défi, c’est vraiment de se mettre à la place des autres, ce qui est presque impossible. On peut comprendre, mais souvent avec notre prisme occidental, ce qui fausse notre vision. Par exemple, on croit que les Africains vivant dans des pays en guerre sont tristes, alors que la réalité est souvent différente. Les classements de bonheur sont souvent biaisés, car ils sont réalisés par des pays riches. On parle de bonheur, mais les critères utilisés ne reflètent pas la réalité de ceux qui vivent dans des contextes difficiles.

La perception du bonheur est très relative. Quand on expérimente la vie de tous les jours, quand on ressent l’énergie des gens, là, on peut vraiment juger de leur état de bien-être. En somme, le bonheur est quelque chose de personnel, de contextuel, et on ne peut pas le mesurer de manière objective. Les gens des pays en développement ont souvent cette idée qu’ailleurs c’est mieux, alors qu’ils n’ont aucune idée de ce qui se passe réellement. Cette quête de ce qui semble meilleur peut mener à une insatisfaction perpétuelle.
On peut être heureux, mais il faut en être conscient
En Europe, on a ce modèle américain et canadien, où le bonheur est souvent associé à la richesse. Pourtant, beaucoup de gens en France sont heureux sans même s’en rendre compte. C’est assez paradoxal. On peut être heureux, mais il faut en être conscient. Le bonheur est un état d’esprit qui se trouve dans l’instant présent. Mais pour y accéder, il faut avoir ressenti ces émotions, ces joies simples.
La réalité, c’est que beaucoup s’accrochent à des choses éphémères, à des désirs matériels qui n’apportent pas de satisfaction durable. Cette course à l’accumulation est sans fin. J’analyse donc toujours cette vision européenne, cette mentalité adulte, et je pense qu’il y a encore beaucoup à dire à ce sujet.